Pour les faire comprendre, je parle de moi, de ce que je ressens, de mes émotions. Je suis triste, je pleure, je te dis pourquoi, ce n'est pas pour cela que nous ne devons pas en parler, au contraire.
Mon P'tit Poi(d)s brandit régulièrement des photos devant mon nez. Emotions, forcément. Il aime qu'on en parle. Voir cette photo avec toi fait remonter tant d'émotions que les larmes coulent sur mes joues, Mon Chou. Mais j'aime cette photo de nous quatre, de toi et moi, de ta petite sœur et de ton papa.
Mettre les mots, les vrais, sur les faits, même s'ils sont durs et compliqués est une nécessité. Ils sont durs pour nous parce qu'ils prennent une dimension qu'ils n'ont pas pour les enfants (la mort, le cancer...), eux les traduiront à leur façon, mais surtout en fonction de ce qu'ils peuvent en comprendre et en digérer selon leur âge. La vie est si bien faite (façon de parler) que l'enfant fait naturellement le tri pour pouvoir s'épanouir et continuer à grandir. Il ne prend pas heureusement la mesure du drame qui l'entoure. Son deuil d'ailleurs s'achèvera quand il sera adulte. Je l'ai lu, je l'ai vécu. Cela a été vrai pour moi.
Magique ?
Du coup, cela peut peut-être débloquer les langues parentales, les langues des adultes ? Le premier pas est souvent le plus difficile à faire, mais ensuite quelle richesse se créé dans ces échanges qui, autour d'un deuil, permettent de se souvenir du défunt, de raconter, de ne pas oublier, de le faire continuer à être à nos côtés... D'être toujours là avec nous, avec moi...
J'avais en tête le fait que l'imagination débordante des enfants, peut être bien pire que la plus terrible des vérités. Voir les choses comme elles sont, garder contact, constater de leurs propres yeux et du haut de leurs trois pommes. Leur mentir (pour les protéger), amoindrir la vérité, adoucir, provoqueraient forcément l'effet inverse (angoisse, stress, peur...), sans compter les effets d'une trahison qui vient d'un adulte en lequel l'enfant a une confiance aveugle... Irrécupérable.
J’ai aussi en tête toutes ces années pendant lesquelles je me suis battue pour que notre entourage emploie les vrais mots. Cancer, épilepsie et pas « malaise ». Je hais ce mot derrière lequel tant de personnes se sont réfugiées par peur de la vérité pendant tant d'années...